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Le mystère du Canada
Deux membres
de la famille sont partis au Canada. Pourquoi ? La fuite en
Egypte ? Mystère !!
Remettons-nous dans le contexte du
moment. Nous sommes dans les années 1850.
Dans le pays
de Herve, nous avons deux sources de revenus : l’agriculture et
le textile. Dans les ménages, l’homme est aux champs et la
femme, avec lui en haute saison agricole, s’occupe de
l’éducation des enfants. Elle contribue à un second revenu avec
le textile.
La région est prospère par rapport à
d’autres contrées.
Au niveau économique, nous avons eu
plusieurs crises économiques et nous rentrons dans la révolution
industrielle. Le développement des machines à vapeur est présent
depuis quelques années en Angleterre et arrive en Belgique avec
les Cockerill.
Le monde du transport maritime
change. La vitesse des bateaux s’accélère. Le tonnage augmente à
la suite du changement des dimensions des bateaux .
Dans les
années 1870, une grave crise démarre avec une chute importante
des prix des céréales. Perte de 50% de revenus. D’où vient une
des causes ? Les Etats-Unis et le Canada, grâce aux nouveaux
bateaux à vapeur, inondent l’Europe de leurs céréales. L’offre
est supérieure à la demande. Du coup, les prix chutent. Nous
avons dès lors un exode de population rurale vers les villes.
Les grands centres industriels apparaissent, de même qu’une plus
grande automatisation de l’industrie.
Martin
Dellicour 1798-1876, propriétaire avec son épouse de plusieurs
exploitations agricoles, est propriétaire du Moulin de Nazareth,
une minoterie. Elle est exploitée par ses fils Alfred et Victor.
Victor décède en 1875. En 1882, le groupe « Dellicour » tombe en
faillite entrainant dans son sillage la banque « Dellicour » qui
est dirigée par Jules . Le moulin est vendu aux Sœurs de la
Providence pour une croûte de pain. En 1890, nous sommes
vraiment au plus profond de la crise. Alfred a essayé de se
refaire une santé financière à Bruxelles mais nouvelle faillite
en 1890 . Il décide de partir où l’herbe est plus verte
c’est-à-dire au Canada. Sans épouse ni les enfants qui ont entre
5 et 10 ans.
Départ pour le Canada. D’où,
quand et quel est son point d’arrivée ? Nous avons pensé
naturellement à Anvers. Chou blanc. Par un port français ou du
sud de l’Angleterre ? Pas plus. Il est parti via Liverpool et
Québec pour aboutir à Montréal. Grâce à un contact par hasard
via mail, nous avons reçu ce renseignement. Nous avons la trace
écrite comme passager avec le nom du bateau et sa date de départ
page suivante.
Nous avons aussi une trace de sa
présence à Montréal car il a participé à une conférence comme
orateur en novembre 1890 . Alfred a travaillé dans le domaine
horticole.
Son deuxième fils très jeune décide
de le rejoindre à Montréal. Difficulté supplémentaire, Jules est
parti sous son deuxième prénom c’est à dire Emile. D’où des
résultats négatifs au début. De nouveau, notre contact canadien
nous donne l’information (nom du bateau, jour et trajet). Le
même parcours que son père mais un autre bateau plus moderne.
Les voilà ensemble à Montréal. Jules-Emile trouve sa future
épouse Léonie parmi les immigrés d’expression française : la
fille d’un couple de Français Henri Denoust 1852-1928 et Eugénie
Ros(s)ignol 1854 venant des 2 Sèvres ayant trois enfants :
Eugénie 1879 qui a eu 6 enfants de son mariage avec Edouard
Paquette, Léonie 1882 et Henri 1884. Henri travaille la terre à
une centaine de kilomètres de Montréal . Léonie se marie avec
Jules-Emile en 1909 et ils ont leur fille en 1913 . Nous
retrouvons ces renseignements dans les différents recensements
de la population canadienne. Jules travaille comme cuisinier
puis comme chef-cuisinier .
La guerre 14-18 éclate ; Jules-Emile
s’engage dans l’armée canadienne. Nous avons retrouvé son carnet
militaire. Il a débarqué en Angleterre en 1916 mais n’a pas été
sur le continent. Démobilisé en 18 pour raison de santé. De son
côté, son épouse a créé une activité de couture. Nous avons
trouvé dans la presse trois demandes d’apprenti, l’une en 1916,
l’autre en 1917 et la dernière en 1920 . Elle met de la
publicité dans la presse écrite en 1923 et 1924 . Il semble
qu’ils se sont séparés en 1919 (avis de justice dans la presse)
.
Avant de clôturer cette aventure canadienne, un dernier
fait-divers repris dans la presse locale : Jules-Emile a été
sauvé de la noyade dans le Saint Laurent par un agent .
Décès
de Léonie en 1928 et de Jules-Emile en 1934 à Montréal.
Alfred est mort à Montréal en 1924.
En 1936,
leur fille Marie-Eugénie a 23 ans et arrive en Belgique à la
demande de ses oncles Maurice-Fernand et Eugène. Elle tombera
sous le charme ou vice versa de son cousin-germain dénommé
Pierre, à la grande fureur des parents Eugène et Juliette.
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